Botswana

La piste infernale

Nossob - Mabuasehube

On quitte aux aurores le KTP sans avoir vu de léopard et c'est bien dommage. Bon, on aura quand même eu notre compte de lions, de guépards... et tout le reste. A la sortie du camp de Nossob on prend la piste qui va vers l'est et qui traverse jusqu'à Mabuasehube. Selon Botswana Footsprints, l'agence qui a réservé nos hébergements au Botswana (et que je recommande), la piste est longue, difficile, très sableuse, voire dangereuse et un stop en milieu de chemin, à Motopi, s'impose. Nous voila donc partis pour 100 kilomètres et 4 à 5 heures de route si tout se passe bien. 

J'avais peu d'informations sur ce parcours, et les seules en ma possession étaient assez pessimistes. De plus, un ranger interrogé à Nossob, nous rapporte que deux voitures d'allemands sont restés plantées sur la piste et ont dû être secourues il y a quelques jours à peine. Pas très sécurisant tout ça, mais, après un départ chaotique et inconfortable dans les whoops (succession de creux et de bosses) sur plusieurs kilomètres, on accède à une piste finalement pas trop difficile. Bon, il faut aussi dire que nos pilotes sont TOP !.. pas comme celui qui conduisait le reste de voiture qui a terminé sa course ici, cramée au milieu de nulle part.

On arrive à Matopi vers 10 heures, bien avant l'heure prévue, en se demandant ce qu'on va faire le reste de la journée, dans cet endroit perdu ! On décide donc de s'installer pour prendre un petit-déjeuner tout en avisant de ce qu'il convient de faire.

On décide finalement d'aller de l'avant. La piste ne devrait pas être pire que ce qu'elle a été jusqu'à présent, et on devrait donc raisonnablement pouvoir arriver à Mabuasehube dans l'après-midi. Le ventre bien rempli, on poursuit notre route sans voir trop d'animaux, dans un environnement sauvage et très peu fréquenté, où l'empreinte de l'homme (mis à part cette vilaine carcasse de voiture) est peu perceptible. Ca remue bien sur notre tracé sableux quand on entend un grand boum-patatras qui nous fait nous arrêter. C'est le frigo qui n'a pas aimé nos échappées sautillantes et, las d'être bringuebalé, a préféré se laisser choir. Me....e !

Le frigo s'est carrément cassé la gueule.....

  

Nous arrivons à destination à 15h45, après 9 heures de piste, arrêts pipi/photos et pic-nic compris, en ayant croisé trois voitures seulement. Y'a pas à dire, y'avait pas foule ! L'endroit est sublime. 

En bord de pan, 3 ou 4 emplacements  de camping pour le moins rustiques, mais abrités du soleil. On adoôoore !

Le seul confort consiste en une douche baquet, deux lavabos et des toilettes sèches; Un véritable luxe dans cet endroit perdu. 

Au sol, des traces de lions qui sont venus ici la veille. Nous n'en verrons malheureusement aucun.  Ah tiens, on a quand même de la visite...

Jolie mangouste
Jolie mangouste

On savoure la vue, le calme et la tranquillité. Cet endroit sera l'un de mes préférés de tout notre voyage, peut-être parce que nous n'étions jamais venus ici et aussi parce que nous ne nous attendions pas à tant de sérénité. Un coucher de soleil flamboyant termine notre journée.

Journée de transit

Mabuasehube - Kang 

C'est  à regret qu'on quitte cet endroit magique, mais d'autres aventures nous attendent et la route est longue. C'est par une piste sableuse (encore une !)  que nous rejoignons la sortie du parc, Mabuasehube Gate. En conclusion, pour tout ce qui concerne la partie KTP du Botswana, si t'es pas à l'aise dans le sable, t'es cuit !

Sur la route comme sur la piste, on voit souvent des nids immenses, à l'équilibre improbable, bâtis par des Républicains Sociaux et qui peuvent abriter jusqu'à 500 individus. A chaque fois on s'étonne de l'ingéniosité de ces petits architectes à plumes. 

Nid de républicains sociaux
Nid de républicains sociaux

Une manoeuvre que l'on aura faite plusieurs fois lors de ce voyage : le dégonflage et le regonflage des pneus. Ca prend un peu de temps, c'est un peu chiant, mais c'est indispensable si on ne veut pas avoir de problèmes. Dans la grande majorité des cas, le plantage dans le sable est le fait d'un surgonflement des pneus.

On aperçoit quelques animaux sur les 120 kilomètres de piste qui mène à Hukuntsi, un bled paumé. On a la chance de voir un lycaon qui détale du bush où il était planqué, mais trop vite pour qu'on puisse le prendre en photo. Désolé de t'avoir dérangé !

 

Pour la nuit, j'ai choisi le camping du Kang Ultra Stop. Il y avait mieux à côté, mais c'est un repaire de chasseurs, alors qu'ils aillent se faire voir. Hors de question que je leur donne un pula ! On n'est pas trop mal installés au milieu d'une sorte de complexe qui fait hôtel, station essence, boutique et restaurant.

Le seul bémol c'est la proximité de la route et le bruit des camions, mais ils se calmeront à la nuit tombée, nous laissant tranquille. Pas grand chose à dire de cette étape, sauf qu'il en fallait une pour couper la distance.

Bienvenue chez les Sans

Kang - Ghanzi

On avale les 223 Km de la Trans Kalahari Highway entre Kang et Ghanzi, dans une atmosphère morbide. On est sur une route fréquentée par d'énormes bahuts. Pied au plancher les routiers n'ont manifestement pas l'envie de freiner quand une bestiole traverse la voie, alors il y a à gauche et à droite quantité de cadavres d'autruches, d'ânes, de biquettes écrabouillés par ces fous de la route. S'ajoutent aussi les dépouilles de ceux qui sont morts de faim et de soif, dans un pays qui n'a pas vu la pluie depuis trop longtemps. Ca me retourne à la fois le coeur et l'estomac. 

 

On  s'arrête pour quelques courses à Ghanzi, avant de poursuivre jusqu'à Dqae Quare San Lodge, tenu par des Sans, néanmoins supervisé par des blancs. Les emplacements de camping manquent un peu de tenue mais ils sont spacieux et les sanitaires sont flambants neufs. Et il y a une piscine, bienvenue par cette chaleur.

L'accueil des Sans est chaleureux. On s'amuse à écouter leur langage, dit langue khoïsan, fait de clics ou claquements, absolument imprononçables pour nous.

Le lodge propose quelques activités comme les danses traditionnelles ou une balade dans le bush. Avec Corinne, on choisira la fabrication de bijoux à base de coquilles d'oeufs d'autruche et on en profite pour papoter et essayer d'en apprendre un peu plus sur le mode de vie des Sans, la vie de famille, la scolarité des enfants, leur travail, leur rapport avec les touristes et bien d'autres sujets encore.

Dans un monde qui bouge, les Sans tentent de conserver leur mode de vie, et s'adonnent volontiers à la chasse. Ils sont pauvres, et vivent chichement, comme en témoigne le T-shirt hors d'âge que porte un des leurs, et à qui Daniel offre un modèle dernier cri, neuf et propre et, quelle chance, à sa taille. Je crois que j'ai rarement vu un bonhomme aussi heureux 

Le Dqae Quare San Lodge dispose aussi d'un point d'eau où les animaux viennent boire.

Famille phacochère et impala à la buvette.
Famille phacochère et impala à la buvette.

Le Delta de l'Okavango, ..... ou ce qu'il en reste

Ghanzi - Maun

On reprend la A3, pour 300 Km jusqu'à Maun, avec toujours ce spectacle d'animaux morts sur le bord de route. On s'arrête au Spar pour quelques courses et on arrive vers les 13 heures au Island Safari Lodge, au bord de la rivière Thamalakane.... ou plutôt ce qu'il en reste.... Le paysage est désolant. La rivière est complètement à sec, il n'y a même pas un ruban d'eau. C'est catastrophique pour les bêtes, les hommes et l'environnement. Quand nous étions venus ici, on pouvait depuis la terrasse des lodges admirer les hippopotames et les crocodiles. Ou sont-ils passés ? Que sont-ils devenus ? Il n'y a plus maintenant que des ânes et des chèvres faméliques qui se contentent de quelques brins d'herbe sèche. C'est à pleurer !

Dans ces conditions, il n'y a bien sûr pas de balades en moroko et les habitants souffrent énormément des conditions climatiques qui ravagent l'économie. Comment en est-on arrivé là ? comment est-il possible que ce delta de l'Okavango, une des perles du Botswana, soit à ce point à sec ? Je n'ai pas la réponse mais je crains que l'homme y soit pour quelque chose. 

  

On s'est installé sur une très large place de camping. Il fait très chaud, alors on profite de la piscine, mais j'éprouve un vrai sentiment de malaise à me baigner, alors que juste à côté des bêtes crèvent de soif. Et je me sens impuissante à les aider. 

On prend de la hauteur

On s'organise le matin pour déjouer une attaque de vervets autour de notre petit déjeuner. Patrick est désigné volontaire pour faire la police. Un moment d'inattention et hop, les singes repartent avec nos muffins aux myrtilles ! Bravo chéri, si on part en brousse, on ne te confiera pas la garde du camp.

Vervets et leur petit
Vervets et leur petit

Puisqu'on ne peut pas visiter le delta en bateau, on va le faire en avion. Rendez-vous à 9 heures à l'aéroport de Maun avec la compagnie Air Shakawe pour un vol d'une heure au dessus du delta de l'Okavango.

Il nous faut voler un bon moment et parcourir plusieurs dizaines de kilomètres avant de voir un peu d'eau couler. Me reviennent à l'esprit tous les reportages sur cet endroit autrefois magnifique, où l'eau et la végétation se confondaient pour dessiner un paysage unique. Aujourd'hui, c'est la désolation. C'est sec, archi-sec, à tel point qu'on se demande si on n'est pas en train de survoler un quelconque désert. Un groupe d'hippopotames, serrés les uns contre les autres, cherche, dans cet espace qui n'est plus le leur, à survivre dans une gouille beaucoup trop exiguë.  Si rien n'arrive, ils vont mourir et comme la pluie n'est pas annoncée, je crains le pire pour eux. Pfff. Ca me déprime.

Hippopotames au désespoir
Hippopotames au désespoir

Les éléphants eux aussi font peine, qui se contentent d'un simple filet d'eau alors qu'ils devraient pouvoir se baigner et s'amuser dans une rivière et des bassins toujours pleins. Le delta se meurt.  Retrouvera-t-il un jour sa splendeur et tous ces animaux l'environnement qui est le leur ? Rien n'est moins sûr.  

Troupe d'éléphants à la recherche d'eau
Troupe d'éléphants à la recherche d'eau

C'est un désastre écologique. Comment combler un tel manque d'eau ? Il ne suffira pas d'une seule saison des pluies, pour autant qu'elle arrive...

A de trop rares endroits l'eau est un peu plus présente, mais reste un cache-misère. La vie si présente à cet endroit, où évoluent normalement quantité de mammifères, d'oiseaux, de reptiles et de poissons  va-t-elle disparaître ? J'ai le coeur gros devant un tel spectacle. Pas la peine d'avoir inscrit en juin 2014 l'Okavango au patrimoine mondial de l'humanité, pour le laisser mourir ainsi.

De retour sur terre, je suis  mitigée, entre le plaisir d'avoir survolé cette partie quasi mythique de l'Afrique australe et la compassion que j'éprouve pour toute cette population animale en détresse.

Nos bush campers ont un peu souffert de la piste du KTP. On va dans un garage remettre notre frigo d'aplomb et Daniel fera lui aussi quelques réparations.

Après-midi tranquille à bouquiner et à paresser.

Après la chaleur étouffante de cette journée, on apprécie la tiédeur de la soirée, propice à la détente où rhum et cigare s'invitent presque naturellement.

Nous avons un jour d'avance mais je n'ose pas me lancer dans l'aventure Moremi sans avoir de réservation pour le camping, alors on lève le camp de l'Island Safari Lodge pour Crocodile Camp, pas que le premier ne nous convienne pas, mais pour changer un peu. Ce n'est peut être pas la meilleure idée que j'ai eue, car c'est dimanche et les locaux ont décidé d'investir la piscine du Crocodile. Ca crie, ça piaille, ça saute, question repos et détente, on a déjà vu mieux.